D’où vous vient cette envie de placer le banal, les discussions triviales, l’anecdotique, au centre de vos films ?

Je ne trouve pas cela banal, la vie est bien plus puissante que les films et chaque détail, chaque seconde est précieuse. La banalité du récit et des formes fictionnelles traditionnelles au cinéma m'est parfois agréable mais souvent superflue.

Ce n’est donc pas un rejet par rapport à certains films aux propos trop édifiants ?

Non pas du tout, je suis surtout sensible à la liberté dans les sujets, la forme, la recherche.

Dans "Voyages en Italie", on retrouve le procédé des personnages qui commentent après coup leurs propres aventures. Pourquoi cette mise en abîme ?

Depuis les Arts déco, je travaille autour de la conversation et du lien que la parole crée entre les gens. Se raconter un moment, c'est comme le revivre et se gargariser de ce lien. Et puis j'ai une très mauvaise mémoire...

Le marin masqué et Voyages en Italie sont deux récits de vacances. Filmer ces aventures, c’est aussi une façon de fixer pour l’éternité des souvenirs précieux de voyages que vous avez vécus ?

Je pense qu'un des moteurs de mon travail c'est cette illusion de pouvoir convoquer, maîtriser et reconstituer des moments passés. Et l'avantage narratif d'un voyage c'est qu'il y a un début et une fin.

On sent également beaucoup d’autodérision dans vos films…

Oui je me moque beaucoup de moi même. J'aime bien ne pas me prendre au sérieux tout en restant très radicale sur la forme.