En ce début juin, le Japon est à l’honneur en salles avec le nouveau cycle des Saisons Hanabi - sept films japonais inédits à découvrir-, et sur mk2 Curiosity. Nos journalistes et programmateurs ont imaginé pour vous une sélection aussi riche que variée des plus beaux films de l’Archipel. Enfilez votre kimono fétiche et asseyez-vous sur vos talons en repliant vos orteils sous les fesses. Vous voilà fin prêts à savourer.
Que serait une sélection autour du Japon sans Akira Kurosawa, l’un des plus grands cinéastes du monde ? On a choisi sa toute dernière réalisation, “Madadayo“ (1983), œuvre très personnelle qui aborde de manière poétique le vieillissement et la relation maître-élève, thème récurrent chez Kurosawa.
“L’Homme au pousse-pousse“ d’Hiroshi Inagaki, Lion d’or à la Mostra de Venise 1958, se construit également sur cette idée de filiation extra-familiale. Dans ce film adapté du roman “Matsugoro“ de Shunsaku Iwashita, on retrouve l’emblématique Toshiro Mifune dans le rôle d’un conducteur de pousse-pousse prenant sous son aile un garçon timide.
Dans un registre tout à fait différent, on a sélectionné “Wonderland, le Royaume sans pluie“ (2019), film d’animation adapté d’un roman pour enfants de Sachiko Kashiwaba, qui plaira à toutes les générations. Ce voyage initiatique et fantastique mène Akane, jeune fille réservée, vers l’adolescence. Une histoire d’apprentissage qui prend place dans un univers haut en couleur, où l’on tombe sur des personnages bizarroïdes et un grand méchant sur fond d’urgence climatique.
Pour varier les plaisirs, “La Saveur des ramen“ (2018) d’Eric Khoo fait saliver nos papilles entre le Japon et Singapour. Un film où s’entremêlent l’histoire de ces deux pays et celle de la famille du jeune chef Masato.
On voulait également vous parler d’amour et de mystère avec “Asako I et II“ (2018) de Ryūsuke Hamaguchi, le réalisateur de “Drive My Car“ (2021). Cette histoire d’amour intime et bouleversante captive à travers les errances sentimentales d’Asako, qui voit son amant Baku disparaître avant de tomber quelques années plus tard sur un autre homme, Ryohei, qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Un style unique qui rappelle à la fois les belles romances de Rohmer et l’univers mystérieux de Lynch.
L’amour irradie également le cinéma de genre de Kiyoshi Kurosawa. Dans “Invasion“ (2017), le cinéaste nous plonge dans un japon dystopique où les humains perdent tout à coup la notion de ce qu’est la famille, la fierté, le passé ou la peur... Le chaos à l'état pur, entre thriller, film d'envahisseurs et drame intimiste.
Faisons un petit pas de côté avec un film d’Abbas Kiarostami, grand admirateur de Yasujiro Ozu (dont on vous propose par ailleurs les fabuleuses “Herbes flottantes”). Dans “Like Someone in Love” (2012), le maître du cinéma iranien pose sa caméra dans les rues de Tokyo pour filmer un triangle amoureux déroutant. Une structure narrative étonnante au service d’une œuvre mélancolique pour un concentré poignant du cinéma de Kiarostami.
Autre histoire d’amour sulfureuse, “Contes cruels de la jeunesse“ (1960) de Nagisa Ōshima, considéré comme un des premiers films de la Nouvelle Vague japonaise. On y suit Makoto, adolescente égarée, qui rencontre Kiyoshi, jeune délinquant qui la sauve d’une mauvaise passe. Débute alors une histoire d’amour aussi intense que destructrice, symbole d’une génération perdue grandie dans la violence de la Seconde Guerre mondiale et l’humiliation de la défaite.
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Hugues Porquier, journaliste, mk2 Curiosity
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