• RUMBA
• DOMINIQUE ABEL, FIONA GORDON, BRUNO ROMY
• “J'ai découvert les films d'Abel et Gordon au lycée, quand je faisais du théâtre. J'adore la théâtralité au cinéma. Et c'est pour ça que j'ai particulièrement été touché.e par ce film. Chaque composition de plan amène un gag et son univers poétique. Abel et Gordon peuvent tout faire avec peu. Les trucages rudimentaires nous ramènent à la fois à l'enfance et au cinéma de Buster Keaton, que j'aime de toute mon âme. J'adore voir ce couple, leurs silhouettes cartoonesques et leur amour, pour l'un et l'autre, mais aussi pour le reste du monde, qui illumine chacun de leur film.” Alexis Langlois

• METROPOLIS
• FRITZ LANG
• “C'est une évidence de conseiller ce film, mais pas besoin de toujours être original ! En le revoyant lors d'un ciné-concert à Berlin il y a deux ans, je me souviens avoir été sidéré.e par la folie formelle du film. La composition des plans, les maquettes, l'architecture, les surimpressions, le jeu passionné des acteurices, les costumes. Tout est merveilleux. Et évidemment, il y a aussi ce que le film raconte, la terreur de la montée du fascisme. Le personnage de Maria, la sainte qui se transforme en créature au service du pouvoir, interprétée par Brigitte Helm, impressionnante avec ce double rôle à la fois lumineux et monstrueux, résonne de manière particulièrement inquiétante avec le monde d'aujourd'hui, où comment le mal absolu revêt un visage angélique pour corrompre le peuple.” Alexis Langlois

• MYSTERIOUS SKIN
• GREGG ARAKI
• “C'est fou que ce film d'Araki soit son film le plus grand public malgré son sujet terrible. L'idée formidable de la mise en scène est de ne rien montrer de l'horreur qu'ont vécue les personnages, des enfants victimes de viol par leur entraîneur de baseball, tout étant au plus proche de leurs émotions. On suit l'évolution de ces deux garçons, comment ils se reconstruisent après l'horreur, chacun comme ils peuvent. On est à la fois du côté de la rêverie et de la crudité du réel. Ce qui est magnifique dans ce film, c'est l'amour qui circule entre tous les personnages, qui est sans aucun doute l'amour qu'Araki leur porte. À l'image de ce dernier plan où Joseph Gordon-Levitt réconforte Brady Corbet qui vient de se souvenir de ce trauma affreux et qui n'arrive plus à s'arrêter de pleurer.” Alexis Langlois

• LOLA
• JACQUES DEMY
• “Comme beaucoup de films de Demy, ce que j'aime dans Lola c'est ce mélange entre l'apparente pulsion de vie du film et de la mise en scène, le goût du spectacle et du romanesque, et la profonde mélancolie des personnages. Il y a quelque chose dans ce film qui pourrait se résumer comme ça : "dansons même si on a envie de mourir". Car avant de mourir, on veut vivre de grandes choses. Vivre intensément. On veut vivre comme au cinéma. Le chassé-croisé pendant toute une partie du film de Lola et Marcel, un peu comme celui dans Les demoiselles de Rochefort, reflète bien ce mouvement à la fois surexcité et tragique. D'ailleurs, j'adore comment Anouk Aimée papillonne pendant tout le film. Elle n'est jamais immobile, toujours en train de sautiller sur la pointe des pieds, survolant ses problèmes et sa vie. Comme si, si elle s'arrêtait, elle allait s'effondrer. Elle est toujours légère, même si encore une fois, une grande fragilité se dégage de son agitation. C'est beau aussi de voir Model Shop juste après Lola, et de découvrir ce même personnage d'Anouk Aimée, plusieurs années après à Los Angeles, qui ne papillonne plus, la mélancolie a tristement gagné.” Alexis Langlois

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