LE RENDEZ-VOUS JOHN WATERS

À l’occasion de la sortie de son premier roman, le dément “Sale menteuse”, rencontre exclusive, en vidéo, avec le réalisateur culte de films outrageants comme “Female Trouble” ou “Pink Flamingos”.

Fans inconditionnels de son cinéma outrageant et queer, on a sauté sur l'occasion pour l’inviter à déployer son univers pervers et pop pendant deux belles semaines. En plus d’une belle interview, John Waters s’est prêté au jeu d’une soirée événement au mk2 Bibliothèque, où il a répondu aux questions de la critique de cinéma Hélène Frappat devant une salle comble.

[INTERVIEW] “Sale menteuse” n’est pas votre premier livre, mais c’est votre premier roman. Comment en êtes-vous venu à choisir cette forme ?

Eh bien, j’aime me lancer des défis. Vous savez, à 66 ans, j’ai traversé toute l’Amérique en auto-stop pour écrire un livre intitulé “Carsick”. À 70 ans, j’ai repris du LSD pour voir ce que ça donnait, avec mon amie Mink Stole [l’une des actrices de sa troupe, les Dreamlanders, ndlr], ce que j’ai raconté dans mon bouquin”Monsieur Je-Sais-Tout “[paru en 2021 chez Actes Sud, ndlr]. Je me suis dit : allez, osons, essayons d’écrire un roman. J’ai imaginé un million de fictions pour mes films. Dans la première partie de “Carsick”, il y avait déjà une partie fictionnelle, car j’imaginais les pires et les meilleurs périples que j’allais pouvoir réaliser. Mais je n’avais jamais commencé de roman. J’avais cette idée qui me venait de loin pour un film éventuel, celle d’une femme qui vole des valises dans les aéroports. Je l’ai reprise pour en faire quelque chose de complètement différent dans “Sale menteuse”.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans la mythomanie de l’héroïne de votre livre, Marsha Sprinkle ?

J’ai toujours été fasciné par les gens que je ne peux pas comprendre. Et Marsha est vraiment folle, elle est très méchante, je veux dire, c’est une psychopathe. Mais j’aime être en sa compagnie, et je pense que mes lecteurs aussi. Bien sûr, ils ne souhaiteraient pas traîner avec elle dans la vraie vie, mais, dans un livre que vous lisez au moment de vous endormir, c’est la compagne idéale.