INTERVIEW d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu

mk2 Curiosity : Comment vous est précisément venue cette envie de faire du cinéma ?

Jean-Marie Larrieu : Notre grand-père [Francis Ringeval, ndlr] a fait du cinéma amateur : il filmait en montagne de petites fictions muettes. Ce sont les premiers films qu’on a vus, des œuvres burlesques réalisées dans les années 1960 par un hôtelier de Lourdes. Ensuite, son fils, notre oncle, a été guide de montagne et s’est mis à filmer les animaux des Pyrénées. On l’a accompagné. On se sentait assez légitimes pour le cinéma du fait de tous ces liens.


mk2 Curiosity : Avez-vous eu d’autres figures tutélaires de cinéma ?

J-M Larrieu: Oui. Le premier film de Robert Bresson qu’on a vu, à Tarbes, nous a beaucoup impressionnés. Robert Bresson, Éric Rohmer, Chantal Akerman… Et la Nouvelle Vague nous a confortés dans l’idée qu’on pouvait faire du cinéma de façon légère. C’est rigolo, on avait déjà connu ça avec l’escalade dans les années 1970 et 1980 : des gens ont inventé l’escalade légère ; tu partais avec les sacs à dos et tu grimpais très vite. La Nouvelle Vague, pour nous, c’était pareil, ce n’était pas des caméras de 150 tonnes. Le plus compliqué était de concilier les petites histoires qu’on voulait raconter et le style des grands maîtres. Certains cinéastes ont été tués par leurs pères de cinéma. Mais ça semblait moins risqué pour nous, car on avait des territoires de cinéma bien à nous, comme la montagne.

Arnaud Larrieu : Ceci dit, si on regarde les premiers scénarios qu’on a écrits, au départ chacun de notre côté, ce sont surtout des histoires d’amour. Et c’est là qu’une manière de raconter commence à apparaître.

mk2 Curiosity : Quand est née l’envie de travailler en duo ?

J-M Larrieu : Ce n’était pas prévu comme ça à l’origine, car on était une nombreuse bande d’amis. Nos premiers courts métrages, on les faisait séparément, mais un jour on a eu une commande et on s’est mis à deux [pour le docu-fiction Ce jour-là, réalisé en 1992, ndlr]. On a sans doute aussi flairé que, comme on n’avait pas fait d’école de cinéma, le fait d’être à deux et de s’appeler « les frères » pouvait aider.
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Propos recueillis par Damien Blanc pour TROISCOULEURS

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