COLLECTION | HISTOIRES DE FOUS

La folie au cinéma, c’est l’assurance de films déments. Plongez-vous dans notre sélection d'œuvres qui interrogent ce terme f(l)ou en déplaçant sans cesse la frontière entre folie et normalité.

Mille et une formes de folies peuplent les films que nous avons sélectionnés pour vous. Du côté de la fiction, c’est par exemple la paranoïa d’un mari jaloux incarné par François Cluzet dans “L’Enfer” de Claude Chabrol (1994). L’acteur n’a jamais été aussi flippant que dans ce rôle où il mène la vie dure à son épouse incarnée par l’incandescente Emmanuelle Béart. Chez Gus Van Sant, la folie se pare de reflets beckettiens dans “Gerry” (2002). Perdus dans un désert aride, Matt Damon et Casey Affleck rejouent une sorte d’”En attendant Godot”, dans une mise en scène de génie portée par des images grandioses. Pour Chaplin, la folie vire au délire. Dans “Charlot, dentiste” (1914), on rigole à pleines dents face à un patient sous gaz hilarant - d’où le titre original, “Laughing Gas” -, confronté à notre trublion préféré.

Greta Gerwig : Folie douce

La réalisatrice et actrice américaine Greta Gerwig sait mieux que personne cultiver son côté “awkward”, si attachant. On revient en images sur cet art du décalage avec ce petit montage confectionné rien que pour vous.

Pour les documentaristes, la folie n’est pas le sujet le plus aisé à filmer. Nicolas Philibert s’en tire magistralement avec des films qui questionnent le sens de ce terme flou et font bouger les lignes de nos représentations, en choisissant de poser sa caméra dans des institutions qui prennent en charge le plus humainement possible ces individus cabossés. Ainsi dans “La Moindre des choses” (1997), les pensionnaires de la clinique psychiatrique de La Borde, dans le Loir-et-Cher, semblent oublier pour quelques instants leur mal-être lorsqu’ils se concentrent pour déclamer les répliques de la pièce de théâtre qu’ils préparent. Leur univers mental décalé font d’eux des acteurs singuliers dont nous avons beaucoup à apprendre. Une œuvre fascinante qui montre que la pratique artistique est le meilleur remède aux maux de l’âme. Sur un versant plus sombre mais tout aussi engagé, ne passez pas non plus à côté de “Titicut Follies” - disponible à partir du 27 avril -, du grand Frederick Wiseman. En 1967, le cinéaste américain pose, pour son premier film, sa caméra dans l’unité carcérale psychiatrique d’un hopital du Massachusetts. On y découvre avec effroi les conditions d’internement de ces détenus. Pendant 20 ans, ce documentaire choc fut interdit de projections publiques aux Etat-Unis. Émouvantes, drôles, poignantes, terrifiantes, instructives… Nous sommes persuadés que ces histoires de fous vous toucheront en plein cœur.