LE RENDEZ-VOUS | STEVE MCQUEEN

Pour la sortie en salles de son nouveau film, Occupied City, le grand Steve McQueen nous offre son chef-d'œuvre Hunger, nous confie une archive de son enfance et nous parle des films qu’il aime.  

SA SÉLECTION

Ses films sont d’une rare puissance formelle et politique. Le plasticien et réalisateur britannique de Twelve Years a Slave, Oscar du meilleur film en 2014, revient avec Occupied City, immense et fascinante fresque sur Amsterdam. Il nous offre Hunger, son inoubliable chef-d’œuvre, et partage ses coups de cœur ciné. 

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Notre avis sur Occupied City

Habitant d’Amsterdam, Steve McQueen (12 Years a Slave) raconte l’histoire de l’occupation nazie dans la capitale néerlandaise, dans un documentaire-fleuve en forme de symphonie urbaine, qui jette des ponts entre passé et présent.

Amsterdam n’a pas l’allure de sa tragique histoire. Au-delà des canaux et des pistes cyclables, la capitale néerlandaise est l’une des villes où la proportion de Juifs assassinés durant l’Holocauste a été la plus importante. C’est le sujet d’un ouvrage de Bianca Stigter, Atlas of an Occupied City

Amsterdam 1940-1945, que Steve McQueen adapte en un ample documentaire de plus de quatre heures. Sans jamais recourir à des archives, le réalisateur britannique a façonné un film à deux têtes : d’un côté, la narration en voix off des exactions commises par les nazis à Amsterdam ; de l’autre, l’image, dans laquelle McQueen filme la ville dans tous ses états et sous tous les angles possibles, lorsqu’elle passe notamment d’un confinement à l’autre durant la crise du Covid-19. 

D’une grande densité, Occupied City nous rappelle que l’histoire se cache encore à tous les coins de rue, quand bien même il n’en resterait qu’un lointain écho. Les récits de victimes trouvent une résonance particulière à l’intérieur de scènes fantomatiques tournées au présent, comme cette superbe virée nocturne, au milieu du film, dans la ville alors en plein couvre-feu – désertée après avoir donc été occupée.
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Corentin Lê, TROISCOULEURS